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Le Maquis Tito

Pendant l'occupation allemande, le premier maquis FTP opérationnel des Côtes-du-Nord, initialement un groupe de l'Organisation spéciale, se développa à partir du printemps 1943 dans le quadrilatère Trémargat, Lanrivain, Peumerit-Quintin, Saint-Nicolas-du-Pélem, sous le commandement de Louis Pichouron, alias "commandant Alain" ; ce maquis, dont le siège principal est la ferme de Kerchariou en Peumerit-Quintin, regroupe à la fin de l'année 1943 une douzaine d'hommes, dont Théodore Le Nénan, Daniel Trellu, un grand résistant, habitait Saint-Hernin et Georges Ollitrault ; il prend en janvier 1944 le nom de "compagnie Tito". les FTP des maquis mobiles Tito (du nom de Josip Broz dit Tito, chef de la résistance communiste en Yougoslavie) placent une équipe dans le maquis à Saint-Nicolas-du-Pélem, dirigée par Théodore Le Nénan.
Le 11 novembre 1943, Théodore Le Nénan tue un feldgendarme à Plouaret. Le 26 décembre, Georges Ollitrault abat un officier allemand à Loudéac. L'attaque du maire de Saint-Nicodème le 6 janvier 1944 entraîne l'arrestation de plusieurs membres du groupe par des gendarmes français à Trébrivan et quatre d'entre eux sont fusillés le 6 mai 1944 au camp de manœuvre des Croix en Ploufragan: Arsène Le Bozec, Jean Pleiber, Roger Quentric, Maurice Lagadec. Le 10 janvier 1944, des membres du même groupe de résistants provoquent le déraillement d'un train à Trégrom. Mais plusieurs membres de ce groupe (dont François Postollec, Émile Henry, Charles Le Gallou) sont arrêtés par le lieutenant de gendarmerie Flambard, et incarcérés à la maison d'arrêt de Saint-Brieuc ; ils furent aussi fusillés le 6 mai 1944 à Ploufragan. Le 18 janvier 1944, un soldat allemand est tué par des membres de ce groupe de résistants à Guilliers ; en représailles les Allemands procédèrent le 20 janvier 1944 à une rafle dans cette commune, arrêtant 500 personnes dont 43 furent déportées. Pourchassés notamment par le lieutenant Flambard, certains maquisards dirigés par Louis Pichouron se réfugient sur la cime de Kerchouan dans la commune du Haut-Corlay ; le 1er mars 1944, maquisards et gendarmes français de Guingamp s'affrontent à Saint-Caradec et plusieurs résistants sont arrêtés, notamment Raymond Pedrono, Marcel Le Hellaye, Louis Winter , tous les trois morts en déportation, ainsi que Roger Cadec et Marcel Divenah, qui eux rentrèrent vivants de déportation.
Trois parachutages d'armes, l'un le 3 mars 1944 à Kerousac'h en Maël-Pestivien, un autre le 9 mars 1944 à Plounévez-Quintin et un troisième le 13 mars 1944, contribuent à armer les maquisards, qui mènent des opérations de sabotage, font des embuscades et organisent des évasions d'aviateurs alliés.
Le 1er mai 1944, les membres de la compagnie Tito défilent au grand complet, narguant les troupes d'occupation, à Maël-Pestivien. Le 8 mai 1944, huit maquisards de la compagnie Tito, dont Charles Moreau, dit "Charlot", Georges Ollitrault, Gustave Broudic, Jean Herpe et quelques autres attaquèrent la prison de Lannion et parvinrent à libérer dix résistants qui y étaient emprisonnés et menacés de mort ; ces derniers furent ensuite cachés à Maël-Pestivien et Saint-Nicolas-du-Pélem.
Le 16 mai 1944, les SS, appuyés par la Milice bretonne du Bezen Perrot (dirigés par Michel Chevillotte, dit "Bleiz" ["Loup" en breton], ou encore André Geffroy et de la Selbstschutzpolizei comme Jean de Cambourg, Rémy Daigne, Bernard d'Ambert de Sérillac, René Hocquart, etc..), raflent une vingtaine d’hommes à Maël-Pestivien, dont le maire. Neuf d'entre eux (P.Moisan, L.L'Horset, C.Gallais, L.Bertrand, M.Bertrand, G.Launay, L.Le Moigne, L.Guéguan, L.Champion) furent abattus en cours de route ou moururent en déportation (une rue au nom de deux d’entre eux, Louis et Michel Bertrand, a été inaugurée en 1988).
Le soutien de la population locale était généralement acquis aux résistants ; toutefois des personnes se plaignaient : « Ces groupes vivent souvent de rapines et sont mal vus de la population » écrit Jean-Paul Rolland et des indicateurs renseignaient les Allemands ; le plus connu fut Auguste Bocher, garde-chasse du comte de Kerouartz, autonomiste breton, qui fut abattu, ainsi que son frère, par la résistance le 22 avril 1944.
Entre le 5 et le 12 juin 1944, la compagnie Tito, épaulée par une quarantaine de S.A.S. commandés par le capitaine Pierre Leblond et deux équipes Jedburgh parachutées, la première l'équipe Félix dans la nuit du 8 au 9 juillet 1944 près de Jugon, la seconde l'équipe Frederick (formée du capitaine Aguirec, du major britannique Wise et du radio américain Kehoe) dans la nuit du 9 au 10 juin 1944 à Duault, se déplace dans la forêt de Duault à la ferme de Kerhamon pour y implanter la base Samwest. Le 11 juin 1944, deux compagnie de l'Armée allemande d'occupation attaquèrent la ferme de Kerhamon, occupée par des parachutistes du 4e bataillon SAS de la France libre, une équipe Jedburg et des FFI, aidés par la population locale. Le combat continua le 12 juin 1944 et fut très meurtrier de part et d'autre ; 31 maquisards et otages furent torturés et fusillés par les Allemands. Le 13 juin 1976, fut inauguré à Kerhamon en Duault le monument commémoratif des combats de juin 1944.
Les blessés, et treize tonnes de munitions récupérées par les résistants, sont alors déménagés par le maquis de Saint-Marcel. Par la suite, des membres de la compagnie Tito furent incorporés dans le 71e régiment d'infanterie et participèrent notamment aux combats de la Poche de Lorient.
En juillet 1944, le maquis regroupe une douzaine de groupes comptant en tout une centaine d'hommes autour des villages de Maël-Pestivien, Saint-Nicodème et Peumerit-Quintin. Le 6 juillet 1944, des membres de la compagnie Tito, sur l'ordre de Louis Pichouron, attaquèrent la garnison allemande de Bourbriac, mais, après avoir pu dans un premier temps, pénétrer par surprise dans la ville, ils durent se retirer rapidement pour éviter l'encerclement par les Allemands. Louis Pichouron fut blâmé pour cette action, jugée inconsidérée, par le commandant FFI des Côtes-du-Nord, Yves Le Hégarat, dit '"Marceau".
Le 11 juillet 1944, des troupes allemandes, assistées de Russes blancs de l'armée Vlassov et de miliciens, encerclèrent la région de Saint-Nicolas-du-Pélem et Canihuel (où se trouvait caché l'état-major FFI) pour y effectuer une rafle : 6 personnes furent assassinées (M.Le Floch, M-L-M.Le Floch, A-J.Le Névez, A.Nicol, J.Poisson, H.Rivoal), 6 personnes furent transférées à Uzel où elles furent torturées et assassinées le 14 juillet, et jetées dans des fosses communes à L'Hermitage-Lorge et 12 personnes furent transférées à Bourbriac, interrogées et torturées dans la cave de la maison Souriman, dont 7 (Jean-Louis Corbel (dit "Coco"), F-M.Le Berre, F-L.Le Berre, P.Maillard, M.Sanguy, P.Secardin, A.Torqueau) furent exécutées à Garzonval en Plougonver le 16 ou 17 juillet 194439. Une gwerz (chanson sur feuille volante) a été écrite pour commémorer ces événements.
Le général Éon, son adjoint le colonel Passy et une trentaine d'officiers français, anglais et américains furent parachutés à Kerien (entre Bourbriac et Saint-Nicolas-du-Pélem) dans la nuit du 4 au 5 août 1944 dans le cadre de la "mission Aloès" pour fédérer les actions des mouvements de résistance de Bretagne intérieure. Le lendemain soir, un combat très dur se déroula à Kérien entre les FTP chargés de la protection de la mission et une colonne de parachutistes allemands qui tente une ultime percée vers l’ouest.
Le 8 août 1943, Auguste Pichouron et Amédée Le Guen, son beau-frère, sont arrêtés par la milice et déportés ; Auguste Pichouron meurt au camp de concentration de Flossenbürg en février 1945, Amédée Le Guen rentra vivant du camp de concentration de Buchenwald.
Les exactions allemandes
Du 7 au 11 juillet 1944, alors que le débarquement de Normandie du 6 juin 1944 a changé le rapport de force, désorganisant l'armée allemande, et que le 4e régiment SAS a rejoint les résistants des Côtes-du-Nord et du Morbihan depuis l'opération Samwest, la Gestapo, des éléments de la Wehrmacht et des miliciens incluant le Bezen Perrot organisent une grande rafle à Saint-Nicolas-du-Pélem (appelée la rafle du 11 juillet) et aux alentours :
 6 personnes sont assassinées dès le 11 juillet (M.Le Floch, M-L-M.Le Floch, A-J.Le Névez, A.Nicol, J.Poisson, H.Rivoal), la stèle des 6 patriotes leur est dédiée rue du Stade à Saint-Nicolas-du-Pélem,   6 personnes sont transférées à Uzel, torturées et assassinées le 14 juillet 1944, et jetées dans les fosses de L'Hermitage-Lorge (on trouvera au total 35 corps dans ces fosses),   12 personnes sont transférées à Bourbriac et interrogées/torturées dans la cave de la maison Sourimant, dont 7 (Jean-Louis Corbel, 20 ans, dit "Coco", de Locarn ; François Louis Le Berre, 25 ans, de Plougrescant ; François Marie Le Berre, 33 ans, de Plouguernével ; Pierre Maillard, 24 ans, de Plounévez-Quintin ; Marcel Sanguy, 35 ans, de Rostrenen ; Pierre Secardin, 27 ans, de Callac ; Albert Torqueau, 24 ans, un instituteur de Rostrenen) furent exécutées à Garzonval en Plougonver le 16 juillet 1944 ; une stèle leur est dédiée à Garzonval. Mireille Chrisostome dite "Jacotte", agent de liaison de la Résistance, fait partie des victimes tuées à Uzel, et a donné son nom à une rue de Saint-Brieuc. François Le Gall a écrit la chanson "Maleuriou ar Vro" sur cette rafle, et Françoise Morvan lui a consacré le livre "Miliciens contre maquisards : Enquête sur un épisode de la Résistance en Centre-Bretagne". La rafle a été précédée d'un rapport des Renseignements Généraux de Saint-Brieuc du 4 juillet 1944 sur les maquis dans les Côtes-du-Nord et désignant Callac, Saint-Nicolas-du-Pélem et Rostrenen comme des noyaux importants du maquis. Malgré une erreur d'évaluation du nombre de maquisards (évalué dans ce rapport des RG à 45 000 hommes sur le département alors qu'ils étaient 13 000), les RG avaient raison de cibler Saint-Nicolas-du-Pélem puisque selon Jean Le Jeune, alias Commandant Émile, alors responsable départemental des FTP, Saint-Nicolas-du-Pélem abritait à ce moment, en plus des maquisards,  l'état-major départemental des FTP, dans la vallée de Faoudel,   et la direction régionale du Parti Communiste, dans la chapelle du Ruellou, mais la Gestapo n'atteignit aucune de ces 2 cibles.

Source : Wikipédia - Saint-Nicolas-du-Pélem

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