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Pichouron Auguste

        1900 - 1945

Pichouron Auguste est né le 09 mars 1900 à Minihy Tréguier. Il se marie le 26 avril 1931 à Plouguiel avec Muzic Louise, de cette union naitront 4 enfants (Jean, Gustave, Pierre et Danielle)
En 1942, il adhère au parti communiste clandestin et participe aux actions de groupe fin 1942 début 1943. Le 03 avril 1943, se produit  une altercation chez lui à Kerflaca entre les gendarmes de Tréguier et deux résistants venus remettre du courrier à l'épouse de Louis Pichouron.  Auguste est absent au moment des faits, il était parti rejoindre Léonie qui venait de quitter Kerflaca. Des coups de feu sont échangés et un des deux résistants est arrêté (Le Calvez Marcel). Aussitôt rentré, Auguste part retrouver son frère Louis chez le Bonniec à Camlez, qui lui conseille de ne pas rentrer à la maison. Ne sachant que faire, il se rend à la gendarmerie de Tréguier le  05 avril. Là, il fut brutalisé et frappé lors d'interrogatoires  notamment au visage. Arrêté à Lannion, il est relâché un mois et demi plus tard par le juge d'instruction Jacques Besnard à Lannion. Juge qui a été arrêté en septembre 1943 puis déporté, pour avoir sauvé de nombreux résistants, il est décédé à Buchenwald en 1944. Le 08 août 1943, suite à une dénonciation Auguste est de nouveau arrêté par la S.P.A.C (Section de protection anticommuniste)


Extrait du livre de Louis Pichouron "Mémoires d'un partisan breton"


La rafle avait commencé par la ferme de Kerflaca, à Plouguiel. Mon frère, qui faisait la sieste au bout de son tas de paille, fut réveillé par les aboiements continus de son chien; il se leva et alla voir ce qui se passait; en arrivant dans la cour, il fut immédiatement entouré par quatre ou cinq civils. C'est vous Auguste Pichouron, hein ? Cette fois-ci vous ne nous échapperez pas. Sa femme qui était sortie de la maison, regardait avec terreur son mari entouré de ces individus menaçants. Allez tout le monde dans la maison, hurlèrent-ils. Ils poussèrent devant eux mon frère et sa femme, et là, devant sa femme et ses enfants en larmes, il fut injurié et frappé au visage par ces monstres. La chemise déchirée, la figure ensanglantée, il redressa la tête et de ses bons yeux gris jeta un regard d'adieu à sa femme et à ses enfants. Entouré des miliciens qui continuaient à hurler et à le bousculer, mon frère se dirigea vers la sortie, arrosant de son sang généreux de patriote le parquet du vieux manoir. Arrivés dans la cour, les miliciens le poussèrent devant eux dans une grande voiture qui démarra ausssitôt. A travers la lunette arrière, il jeta un dernier regard vers sa femme et ses enfants qui, venus le regarder partir, s'étaient blottis contre la grande porte, serrés les uns contre les autres, comme pour résister à une tourmente: ils ne devaient plus le revoir. Léonie Pichouron épouse de Louis, ainsi que Amédée Le Guen époux de Jeanne Pichouron  furent arrêtés le même jour, et furent également déportés. Conduit à Saint Brieuc il subit la torture et la violence. le 12 septembre 1943 il est interné à la prison jacques Cartier à Rennes, le 31 mars 1944, il part pour le camp de Royalieu à Compiègne. Le 27 avril 1944, c'est le départ pour le camp d' Auschwitz. Au petit matin chacun reçoit un saucisson et une boule de pain, la colonne traverse Compiègne derrière un officier SS, en gare de marchandises, on fait s'entasser avec violence les prisonniers dans des wagons à bestiaux surchargés, le voyage durera 4 jours et 3 nuits. Soif et asphyxie transforment certains wagons en cercueils. Le 30 avril en fin d'après midi, il arrive dans ce sinistre camp d'extermination, à l'ouverture des wagons à la soixantaine de morts du trajet, s'ajoute une dizaine d'exécutions. Après une marche forcée d'environ deux kilomètres où les sentinelles distribuent de nombreux coups de crosse, ils sont conduits vers le camp "Canada" et parqués dans 2 écuries, il reçoit le matricule 186223. L'incorporation terminée, retour aux écuries où ils sont entassés à 800 par baraque, ils y resteront plusieurs jours puis tranférés dans deux bâtiments de la division "familles tziganes".  Le 12 mai, sans explication les détenus sont rassemblés et nouveau départ pour Buchenwald où le convoi arrive le 14 mai, l'accueil est le même qu'a Auschwitz, coups de cross, morsures de chiens, hurlements, et à nouveau un matricule 53264. Le 24 mai, Auguste part pour son dernier voyage à Flossenburg où il arrive le 25 mai, de nouveau un matricule, 10093. Ils sont un millier ce jour-là à traverser le village encadré par des SS sous l'indifférence de la population civile. Les formalités d'incorporation sont terribles, les kapos font régner la terreur. Utilisés pour le travail dans la carrière dans des conditions épouvantables par tous les temps ou nourriture et mauvais traitement sont similaires, c'est dans ce camp que Auguste Pichouron laisse ses dernières forces le 16 février 1945 à l'âge de 44 ans.
Dans ce convoi dit des "tatoués", la moitié des personnnes (822 sur 1655) mourront en déportation.
Le 18 juin 1946, il recevra le grade de Lieutenant dans les F.F.I.
Le 25 mars 1957 il à été nommé Chevalier de la légion d'honneur.


 

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